Tout le monde retouche ses photos!
Qu’on se le dise, les images remises par tout bon photographe qui se respecte ne sont jamais brutes de capteur, et comportent toujours une dose de post-traitement ! « C’est de là triche » s’exclament certains. D’autres pourraient nous accuser, nous autres photographes, d’user d’artifices pré-formatés pour enjoliver nos images et ainsi remettre un travail satisfaisant à l’œil, mais finalement dénué de sens artistique. Je fais référence aux filtres Photoshop, ou autres effets Instragram pour donner un « style » à vos images
Le format RAW, qu’est ce que c’est ?
Tout d’abord une petite explication technique s’impose. Un appareil photo enregistre une image projetée sur une surface (le capteur) grâce un objectif. Ce capteur a la capacité de percevoir des milliers d’informations, mais bien souvent, seules celles jugées intéressantes par le logiciel interne du boitier sont conservées dans un fichier au format JPEG. On estime en moyenne à 7% la quantité d’information conservée dans un JPEG par rapport à ce que le capteur a réellement vu ! Dommage non ?
Heureusement, les fabricants de boitiers ont créé une fonction plus qu’indispensable : la possibilité d’enregistrer au format RAW. Celui-ci, souvent appelé « négatif numérique » conserve toutes les données enregistrées via le capteur, laissant au photographe une latitude de travail beaucoup plus ample en traitement d’image (Raw signifiant « brut » en anglais)
Les différents « niveaux » de post-traitements
Le hic, s’il en est un, réside dans le travail que nécessite un tel fichier Raw : en effet, celui-ci ne peut être exploité sans avoir été « développé » par un logiciel ad hoc. Cette notion de « développement », inventée et assumée par les développeurs (de logiciels !) se veut assez explicite. Elle consiste pour ainsi dire à extraire du fichier, les données voulues par le photographes, et nécessaires à la restitution d’une image telle qu’elle a été imaginée à la prise de vue. Une fois développée, ou autrement dit, une fois que les données importantes et intéressantes pour une bonne image on été extraites du fichier Raw, la photographie peut à nouveau être enregistrée en JPEG pour sa diffusion.
Ainsi est-il possible lors du traitement ou « développement » de ce fichier Raw, de jouer sur l’exposition, la température de couleur, le contraste, la proportion de « hautes lumières » ou d’ombre, l’équilibre entre les tons foncés et clairs, la netteté, la saturation, la luminance, la réduction du bruit…
Mais ce n’est pas tout : le fichier Raw embarque avec lui des données Exif lues par le logiciel de post-traitement, ce qui permet par exemple de corriger certains défauts connus de l’optique utilisée, par exemple une distorsion (lignes droites courbées), une aberration de couleur, ou un vignettage (différence de luminosité entre le centre et le bord de l’image)
Toutes ces modifications de réglages au sein du logiciel de « développement » constituent une part du post-traitement puisqu’elles influent directement sur l’aspect final de l’image
A ces réglages principaux peuvent s’ajouter des traitements plus poussés de l’image, en terme de colorimétrie, de netteté, d’équilibre de teintes… Prenons l’exemple d’une image noir et blanc, cas d’école fréquent d’une photographie de mariage ! Un fichier noir et blanc n’est pas une simple désaturation d’une image couleur (c’est pourtant malheureusement ce que fait le « mode noir et blanc » des boitiers compacts ou réflexes grand public). Non, une image noir et blanc se doit de présenter des noirs profonds, des blancs intenses et de comporter un large panel de tons de gris pour restituer un grain de peau, une matière, une texture… Aussi, le photographe réalisant une image noir et blanc capture toujours celle-ci en couleur (d’ailleurs les appareils professionnels n’ont généralement pas ce fameux « mode noir et blanc »). Le fichier ainsi obtenu comporte toutes les valeurs de couleur. Le post traitement consistera alors en un équilibre des différents tons de gris, en fonction de la couleur initiale. En d’autre termes, le photographe est capable de définir si le vert doit paraître plus au moins foncé, le rouge, le jaune… il joue alors sur un « mélangeur », composé de curseurs capables de définir cet équilibre. Ainsi, une même image, à la base en couleur, peut donner lieu à des noir et blanc très variés !
Tout l’art du photographe est de réaliser son post traitement sans dénaturer son sujet, en préservant l’idée originelle de prise de vue, en traduisant l’ambiance de l’instant, tout en produisant une image qualitative dont l’aspect reste naturel ! Une alchimie pas toujours évidente à atteindre tellement les curseurs des logiciels sont faciles à déplacer ! En matière de photographie de mariage, ce bon équilibre entre l’image brute et l’image retouchée doit retenir toute votre attention lors du choix de votre prestataire. Celui-ci doit vous expliquer le type de retouche qu’il opère et vous présenter des images correspondant à ce travail : il serait catastrophique que votre photographe soit techniquement excellent, mais qu’il vous remette des images dont l’aspect graphique ne vous correspond pas ! Vous détestez le sépia et votre prestataire adore cela…. Voyez avec lui s’il sait s’adapter à vos souhaits ! Pour ma part j’échange toujours longuement avec mes mariés quant à leurs affinités ou aversion pour certains types de traitement en leur présentant des exemples concrets. Ainsi, je sais m’adapter au type d’image réellement désiré !
Au post traitement « général » que nous venons d’aborder, s’ajoute le traitement local. Sachez que tous les réglages évoqués plus hauts (et bien d’autres encore), peuvent être appliqués sur l’ensemble de l’image ou sur une zone précise. Il est par exemple envisageable d’assombrir une partie de l’image et d’en mettre une autre en lumière, de de-saturer une couleur et d’en amplifier une autre, de rendre plus nette une zone et d’en « flouter » une autre… Ce travail est très long et nécessite bien souvent autant de temps que le shooting lui même, voire davantage !
Enfin, il est possible de gommer localement certains défauts, certaines imperfections. Un élément non désiré, une mèche rebelle, un bouton de peau… on entre là dans un véritable travail de retouche plus que de post traitement ! Attention, nous parlions plus haut de rendu naturel… évitons de succomber à la tentation d’une retouche « photoshop » toute puissante, à la limite de la manipulation du sujet réel… laissons cela aux couvertures de magasines !
Un lien amusant rappelant la manipulation qui peut être faite d’une image réelle
Ce que restitue le photographe
Au final, votre prestataire exportera les images, le plus souvent au format JPEG pour vous les restituer si la remise des images numériques fait partie de son offre. Il est normal que vous ne puissiez pas obtenir les Raw, c’est à dire les fichiers bruts : outre le fait que vous ne sauriez quoi en faire, ceux-ci sont dénués de sens pour tout ceux qui ne maitrise pas le post traitement !